Iles du Pacifique

LA MER DU SUD





Magellan met alors le cap sur les îles Moluques, dont il sait, par son ami Serrão, qu'elles se situent sur l'équateur. Une traversée qui prendra presque quatre mois. Le 24 janvier 1521, ils découvrent une petite île qu'ils appellent San Pablo, puis une autre, baptisée Tiburones, «l'île des Requins». Il s'agit probablement de l'atoll de Fakahina (Tuamotu, Polynésie française). Quant à la deuxième, c'est sans doute Flint, dans les îles de la Ligne (Kiribati).

La traversée se poursuit, par temps favorable, jusqu'au 6 mars où apparaissent deux petites îles hautes, plus tard appelées les Mariannes : Rota et Guam. Après plus de trois mois de mer – dix-huit depuis le départ de Séville – l'escale est prometteuse, mais «les gens de ces îles nous dérobèrent avec grande adresse et diligence le petit bateau qui était amarré à la poupe du navire du Capitaine.» D'abord baptisées Îles des Voiles Latines, en raison de la forme des voiles utilisées par les rapides pirogues des indigènes, elles prennent le nom peu flatteur d'Îles des Larrons.
Les navires reprennent la mer et, le 27 mars, atteignent un archipel encore inconnu, que Magellan baptise «de Saint-Lazare», du nom du martyr que l'on fêtait ce jour-là. Ce sont les îles Philippines.

LA MORT DE MAGELLAN

Le jour de Pâques de l'année 1521, Magellan fait dire la première messe sur le sol philippin. Un pilote local conduit la flotte jusqu'à Cebu : à la surprise générale, Enrique, l'esclave et serviteur de l'Amiral comprend la langue des indigènes. Le roi Humabón se lie rapidement d'amitié avec l'Amiral. Le dimanche 14 avril, —nous baptisâmes huit cents personnes —Humabón reçoit le prénom du roi d'Espagne, Charles. Magellan remet à la reine de l'île une statuette de bois représentant l'Enfant Jésus que lui avait donnée l'archevêque de Séville avant son départ : c'est encore aujourd'hui cinq cent ans plus tard, l'objet d'un culte, dans l'église de Saint-Augustin de Cebú, appelée Basílica del Santo Niño.
Grâce à Humabón, dont il devient l'ami inséparable, Magellan obtient l'adhésion de tous les souverains voisins, à l'exception de Lapu-Lapu, roi de l'île de Mactan. Il décide de l'affronter et se rend sur cette île avec 60 de ses hommes. La rencontre a lieu le 27 avril au matin. Elle tourne à la déroute pour les Espagnols qui laissent sur le rivage treize morts dont Magellan lui-même.

Après l'échec sanglant subit sur l'île de Mactan, le commandement de la flotte échoit à Duarte Barbosa, proche parent de Magellan. Le nouveau capitaine commet la maladresse de ne pas exécuter le testament de Magellan qui prévoyait qu'à sa mort, Enrique serait affranchi. Ce dernier, refusant de servir quelque nouveau maître, se révolte : étant seul à maîtriser parfaitement la langue des indigènes, il conseille au roi Humabon d'organiser un banquet auquel le nouveau commandant et tous les espagnols seraient conviés. Au meilleur moment du festin, quand les prudences seraient assoupies, sur un signal, tous seraient tués. Seuls quelques marins réussissent à regagner les navires.

Avant de prendre le chemin des Moluques, qu'ils savaient proches, les rescapés, trop peu nombreux pour se répartir en trois équipages, brûlent la Concepción : il ne reste que deux navires, la Trinidad, commandée par João Lopes Carvalho, qui assume également la direction de la flotte, et la Victoria, sous les ordres de Gonzalo Gómez de Espinosa – tous les deux avaient quitté à temps le banquet de Humabón.